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La sœur du prêtre Jacques Hamel égorgé par Daech: «Il disait : ‘C’est partageant les différences que la paix pourra prendre ses racines’»

Roseline Hamel avec son frère, Jacques Hamel vers 2010. Photo cédée

Ce 26 juillet il fait trois ans que le prêtre Jacques Hamel a été égorgé par deux terroristes quand il célébrait une messe matinale à Saint-Etienne-du- Rouvray (Rouen). Ce jour-là les médias ont informés de la prise d’otage pendant qu’elle se déroulait et le père Hamel essayait de parler avec les terroristes. Finalement il n’a pas survécu à l’attaque que Daech a revendiqué après.

Des représentants chrétiens, musulmans et juifs sont venus ensemble aux obsèques pour démontrer l’unité et le respect entre les religions dans une célébration ou la sœur de cette victime mortelle a demandé à tout le monde d’être « artisans de la paix ».

Jacques Hamel était un défenseur du dialogue entre les religions. Aujourd’hui il est en procès de béatification au Vatican car il est considéré un martyr par l’ Église catholique. Sa sœur, Roseline Hamel, a parlé au téléphone avec Salam Plan sur son deuil, qu’elle a transformé dans une mission pour la paix, comme son frère -mort à 86 ans- aurait voulu.

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Comment allez-vous ? Comment se sont passé ces années de deuil ?

La douleur est toujours très vibrante dans notre esprit et notre corps. Nous avons fait un gros chemin depuis trois ans, nous avons tout d’abord eu beaucoup de mal à accepter de partager le père Hamel, notre frère, notre oncle -comme disent mes enfants- , car nous ne comprenions pas pourquoi dès tous les quatre cons de la planète jusqu’en Afrique, de chaque État, des différentes personnes manifestaient leur grande peine très profonde de ce qui [était passé au] père Hamel , la blessure sur son corps, avant d’être égorgé dans son habit de prêtre après avoir célébré la passion du Christ et prié pour la paix.

Il nous a fallu attendre le moment des obsèques, où la cathédrale de Rouen était pleine. On a compris qu’ il fallait partager notre frère, notre oncle, parce qu’il est devenu frère universel. Moi, personnellement, j’ai décidé de faire mon deuil autrement et témoigner de mon frère.

Soyons curieux de cette multitude de l’homme que Dieu nous a voulu différent, avec le cœur ouvert à se rencontrer et d’avoir un échange plein des bons fruits

Et vous avez décidé d’écrire un livre sur lui : Jacques, mon frère (Ed. Bayard).

J’était pas tellement décidée au départ, parce que je jugé ma vie tellement banale que je me demandé si ça allait intéresser à personne. Avec l’insistance de mes interlocuteurs religieux et journalistes catholiques j’ai enfin décidé d’écrire ce livre avec l’aide d’une journaliste d’un quotidien catholique.

Est-ce que cela vous a aidé à faire le deuil ?

Ce qui m’a aidé à faire le deuil c’est d’une partie -oui- ce livre, mais bien avant que j’aie décidé de marcher sur les pas de mon frère et de témoigner de sa personne en répondant aux rencontres et par la parole. Témoigner de ce qu’on a vécu sur place, lors de son assassinat.

Ce qu’on a vécu ce jour là était pour nous d’une telle violence que … Je témoin de façon que son martyr porte les fruits positives, dans l’esprit des jeunes, dans leur cœur, de la façon de se comporter, ensemble avec les différences, à être curieux de cette multitude de l’homme que Dieux nous a voulu différent, c’est pour avoir le cœur [ouvert à] se rencontrer, d’être curieux les uns des autres et d’avoir un échange plein des bons fruits, d’humanité.

Aux obsèques de votre frère vous avez demandez aux gens d’être des « artisans de la paix ».

Soyons artisans de la paix chacun à notre manière.

« Soyons artisans de la paix chacun à notre manière. La clé pour vivre ensemble c’est la rencontre avec les autres »

Ce jour-lá des communautés chrétiennes, musulmanes et juives sont venues ensemble pour prier pour la paix et le père Jacques Hamel. Qu’est-ce qu’il disait sur la haine entre les religions? Avez-vous en parlaient ?

Oui, évidemment. Nous en parlions beaucoup ces dernières années après de que le film sur les [sept] moines de Thibirine [assassinés en Algérie en 1996, où ils travaillaient pour le dialogue interreligieux avec leurs frères musulmans] avait été mis sur les écrans. C’était une conversation qui revenait souvent.

Qu’est-ce que vous dirait c’est la clé pour vivre ensemble ?

La clé pour vivre ensemble c’est la rencontre avec les autres, parce que Jacques disait ‘c’est par les rencontres, être curieux des différences et [les] partager que la paix pourra prendre ses racines’.

Qu’est-ce qu’il aurait dit s’il aurait survécu l’attentat ?

Il y a une personne âgée comme mon frère qui a était au même temps que lui cet jour à cette église, qui a survécu. Cet homme de 86 ans, au même âge que mon frère, à pratiquement le même physique, j’ai demandé à le rencontrer. J’ai cru voir mon frère. Je lui ai pris dans mes bras et lui ai dit « vous rassemblez tellement à mon frère, j’ai l’impression d’embrasser mon frère ».

Et donc, cette personne j’ai voulu lui rencontrer pour qu’elle me raconte ce qu’il avait vécu ce jour-là. Et il m’a dit : « Moi, tel que vous me voyez, normalement je suis mort. J’ai survécu pour témoigner de ces horribles choses qui se font sur des innocents, et témoigner de ma fois et de la grâce de Dieu ».

« Seulement des grains de paix, un peu chaque jour, c’est le seul remède pour vaincre la haine, parce que la haine détruit et la paix construit »

Dans quel état est le procès de béatification du père Hamel par l’Église catholique ?

Tout ce procès a demandé deux années et les dossiers récoltés de tous ces témoignages des personnes qui ont connu le père Hamel et toute la famille est parti à Rome le mois de mars. C’est monseigneur Dominique Lebrun [archevêque de Rouen] l’a porté lui-même avec quatre jeunes qui ont porté ensemble [toute la documentation, des 2.000 homélies écrit à la main inclus] dans une énorme cantine.

D’après ce que m’a dit monseigneur Dominique Lebrun, le Pape veut que ce dossier soit clos en premier. Il y a plus de mil dossiers en attente.

Quelles sont les plus belles mémoires que vous avez quand vous pensez à lui ?

Les plus belles mémoires c’est le temps que nous partagions avec lui pendant le temps de vacances. Et la plus belle mémoire c’est du jour de son ordination. J’avais 18 ans, lui il avait 28. Je ne comprenais pas trop à ce moment-là l’importance pour lui d’être prêtre. La belle image que je garde de lui, quand il célébrait. Il était très réservé, sa joie il la montrait peu, au même temps que ses tristesses, ses mécontentements. Mais à ce moment-là, quand il célébrait sa messe, il vibrait de la passion de Christ, réellement.

Votre frère et vous-même vous êtes témoins de la paix. Qu’est-ce que vous dirait au gens ?

Le principal c’est que chacun à notre manière laissons grandir notre fois, notre espérance. Seulement des grains de paix, un peu chaque jour, c’est le seul remède pour vaincre la haine, parce que la haine détruit et la paix construit.

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